SCOT : Enquête publique

Bonjour,

Je copie ici la contribution d’une personne qui n’est pas encore inscrite sur le forum et qui se dévoilera si elle le souhaite.

Avis Dilemme au regard du Sradett et normes supérieures !

Madame la Présidente de la Commission d’enquête,

Si sur la forme le SCOT est séduisant dans son esprit, sur le fond la confiance s’effrite par manque de précisions par rapport aux règles du SRADETT et au cadre législatif notamment de la loi Climat et Résilience. Nous émettons des réserves sur la cohérence et l’opérationnalité pour atteindre les objectifs fixés par les normes supérieures, ainsi que sur le rôle intégrateur du SCOT.

1/ Impact du changement climatique et aménagement

Le sujet majeur est celui du scénario du GIEC retenu en matière de changement climatique. Les variantes sont multiples et n’ont pas le même impact décisionnel en matière d’aménagement. En première lecture, il n’est pas évident de le trouver, et il ne sous tend pas les prescriptions en matière de mobilité, de prévention des risques, et de choix d’artificialisation. Quel est le scénario retenu ? Quel impact sur les zones de montagne ? Quel impact sur les risques et leur prévention ? Quel impact en lien avec l’artificialisation des sols et la déforestation ?

2/ Emissions des gaz a effet de serre et aménagement

Le deuxième est celui des objectifs en matière de réduction des gaz à effet de serre issus de la loi Climat et Résilience. Comment le SCOT les intègre et concourt à les atteindre ? Ce n’est pas clair. Issus de la loi et du SRADETT, il faudrait les retrouver en architecture du SCOT, permettant de les décliner en schéma des mobilités, PLH, et PCAET. Cet objectif devrait se retrouver aussi dans les indicateurs suivis, où sont-ils ? L’objectif 43 du SRADETT devrait se retrouver décliné dans le SCOT dans toutes ses orientations.
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3/ Autres exemples de fragilité du SCOT au regard du SRADETT et des normes supérieures

Par-delà ces observations de fond sur l’architecture législative, à titre d’illustration concrète sur cette fragilité, nous nous appuyons sur des règles du SRADETT déclinant les objectifs législatifs.

Sur la ressource en eau potable, l’artificialisation et la croissance démographique, comment est pris en compte la règle 24 du SRADETT ?

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Sur les réseaux notamment d’assainissement, comment est pris en compte l’objectif 32 du SRADETT, préconisant un développement à partir des réseaux existants ? Cet élément structurant ne figure pas dans les scénarios retenus de croissance démographique et d’artificialisation. La MRAE le souligne en prenant l’exemple des stations d’épuration. La préfecture en matière de déchets.

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Pour finir nous nous étonnons du niveau très élevé d’imprécision des trames vertes et bleues. Alors que le SRADETT a fait l’effort de décliner à l’échelle 150 000 éme l’atlas des trames vertes et bleues à l’échelle de la Nouvelle Aquitaine, nous ne comprenons pas que le SCOT établisse des « cartes impressionnistes » sans aller sur des échelles plus fines que 150 000 éme. L’ambition doit être claire comme le rappelle la règle 33 du SRADETT.

Extrait

Un dernier exemple d’ambivalence du Scot est celui des mobilités douces où la règle 18 du Sradett d’intégration des schémas supérieurs n’a pas été mise en œuvre. C’est un sujet sensible avec l’illustration des dessertes Baretous/ Oloron qui sont en grand retard de développement sur ce point.

Conclusion

De nombreux points ont pu nous échapper, c’est un document conséquent sur lequel il est difficile de vérifier toutes les cohérences au regard de l’encadrement juridique. Nous serons attentifs à la qualité des réponses qui peut nous permettre de mieux appréhender le document.

Nous recommandons la lecture de l’avis de la MRAE, qui illustre aussi les ambivalences de ce SCOT et de son opérationnalité. Il conforte notre avis dilemme.

Nous attirons donc l’attention de madame la Présidente, sur cette fragilité juridique du SCOT, qui résiste mal en première lecture à un examen technique sur le fond au regard du contexte législatif et du SRADETT. En l’état, le SCOT est-il suffisamment intégrateur des normes supérieures ?

Dans cet esprit, la zone couverte par le SCOT est manifestement un territoire très vulnérable au regard du changement climatique (inondations des dernières années, éboulements sur la route du Pourtalet, événements climatiques imprévisibles, stations de montagne….) et des émissions de gaz à effet de serre. A ce stade cette alerte des scientifiques ne figure pas comme élément matriciel du SCOT. La « peinture » revenant à l’évoquer de temps à autre ne peut pas suffire. Ce SCOT laisse planer des inquiétudes sur sa capacité à se projeter en 2040. Notre vigilance doit être à la hauteur de notre responsabilité pour les générations futures.

Il est encore temps d’amender le SCOT et nous serons vigilant à la version définitive qui sera approuvée notamment au regard des points de fragilité mentionnés et de la cohérence à affirmer en partant de l’architecture législative.

Ce SCOT présente trop de fragilités juridiques à ce stade, susceptible d’appuyer un recours.

Contributions complémentaires de Philippe G :

Madame la Présidente de la Commission d’Enquête,

Complément à la première contribution venant renforcer les interrogations sur un SCOT trop généraliste, pas territorialisé, et sans cartographie.

Volet spécifique Loi Montagne et respect de ses prescriptions dans le SCOT :

En continuant de prendre connaissance du SCOT du Haut Béarn, nous nous apercevons qu’il n’y a pas de partie spécifique relative à l’application des lois Montagne du 9 janvier 1985 et du 28 décembre 2016.

Le territoire est pourtant particulièrement concerné (carte SRADETT page 29, zone grise)

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Nos questions :

Combien et quelles sont les communes concernées du SCOT ? Pourquoi il n’y a pas de cartographie de cette zone plus précise que celle du SRADETT ?

Plus spécifiquement, comment est traité dans ces territoires concernés par la loi Montagne l’urbanisation en continuité de l’existant ?

Comment sont qualifiés les villages ? Y a-t-il des Secteurs Déjà urbanisés (SDU, article L 121-8 code de l’urbanisme) ?

Comment s’attache-t-on dans ces territoires spécifiques concernés par la loi Montagne à lutter particulièrement contre l’étalement urbain ?

Pourquoi le SCOT ne présente pas une cartographie des villages, SDU dans le secteur zone de montagne ? Comment sont prises en compte les caractéristiques traditionnelles de l’habitat ?

Quelles sont les zones agricoles spécifiquement protégées ?

Quelles sont les zones ZINEFF et Natura 2000 inscrites en zone de montagne ? Quelle cartographie ?

L’ensemble des questions est important, mais ne trouve pas dans le SCOT de réponses spécifiques par-delà des éléments très généraux qui sont plus des éléments de communication que de cadrage.

Comme dans les SCOT littoraux (loi littoral), il faudrait une partie spécifique Montagne permettant d’assurer le développement et la protection de ce milieu spécifique. Ce sont des éléments majeurs pour apprécier la comptabilité du PLUI avec le SCOT et les normes supérieures.

Rôle intégrateur du SCOT et compatibilité du PLUI (rapport PADD établit avant adoption du SCOT) :

Par ailleurs, nous sommes très surpris de constater que le PADD du PLUI a déjà été approuvé le 22 février 2024 (envoyé en Préfecture le 1er mars 2024) en l’absence du SCOT, devant en fixer le cadre et auquel le PLUI doit un rapport de comptabilité.

Comment le rapport de compatibilité a-t-il pu être certifié dans la délibération du 22 février 2024 par rapport à un document qui n’était pas encore en enquête publique ni approuvé ?

Extrait :

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Compte tenu que le SCOT doit être amendé après enquête publique et avis des PPA, comment peut-on d’ores et déjà présager de son contenu ?

Ces éléments viennent corroborer l’inquiétude sur le rôle intégrateur et prescriptif de la version actuelle du SCOT.

Est-il plus qu’un document de communication très bien fait généraliste ?

Conclusion complémentaire

L’observation finale de la MRAE prend tout son sens dans ce contexte, qui relève l’absence de « mesures territorialisées ou plus opérationnelles » et souligne le caractère trop généraliste de la version actuelle du SCOT.

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Nous appelons à intégrer les observations de l’enquête publique et surtout la masse des recommandations de l’Etat, MRAE, et Conseil Régional pour en faire un outil compatible avec les normes supérieures et le SRADETT.

Par-delà un avis favorable républicain sur la « bonne intention » du SCOT », il est encore loin d’être un outil opérationnel qu’il devrait être.

L’absence de cartographie est un point majeur de faiblesse qui traduit ses manques.